Calliopée n’avait pas été surprise de trouver une feuille de papier pliée en quatre à son nom prêts de la porte de sa chambre. C’était une habitude que Dylan avait pris depuis qu’ils s’étaient mis d’accord pour qu’il lui compose des chansons. Elle prit donc la feuille et la déplia restant en nuisette plutôt que de s’habiller pour lire cette nouvelle composition. Elle attendait toujours avec impatience ces nouvelles chansons pour voir comment les adapter à la guitare. Mais cette fois-ci Calliopée ne fut pas aussi enthousiasmée que pour les autres, bien au contraire, ses paroles lui posaient problèmes. Elle soupira en les relisant une nouvelle fois avant de prendre sa décision. Elle allait devoir trouver Dylan pour en parler car elle ne se voyait absolument pas chanter ceci. Le problème majeur qu’elle voyait était les sentiments qui passaient par ce texte, des sentiments qu’elle ne voulait plus jamais éprouver. Elle s’habilla donc rapidement d’un chemisier blanc sur un jeans et d’une paire de basket plate noire. Avant de sortir, elle se saisit de la feuille et pris un peu d’argent pour s’acheter des viennoiseries sur la route.

Un pain aux raisins et un chocolat chaud plus tard, Calliopée s’approchait du stade où elle était sur de trouver Dylan. Elle savait que le garçon était très sportif aussi elle était venue ici en premier lieu car c’était ici que les probabilités de le croiser était les plus fortes. Et en effet, il était bien là à courir sur la piste. Calliopée s’arrêta un moment pour observer son compositeur faire des foulées laissant ses pensées dériver. Elle finit par se reprendre et elle se dirigea droit sur lui pour avoir sa conversation. « Eh ! Dylan ! » Elle l’interpella alors qu’il repartait dans sa course, elle n’avait pas très envie de courir si tôt le matin. Elle s’approcha donc de lui en grandes enjambés après avoir sortit la feuille du chant de sa poche. « Désolé de te déranger. Ca va sinon ? En faites, il faut qu’on parle de ta chanson. Je ne pense pas pouvoir la chanter, je veux dire, elle parle de quelque chose que je ne connais pas. Enfin, je ne serais pas comment bien exprimer les émotions dessus… » La jeune fille avait l’impression de se mélanger les pinceaux dans ses explications. Or, c’était une chose qui l’agaçait de se mélanger ainsi les pinceaux. C’est vrai quoi, elle voulait devenir avocate et une avocate devait connaître ses arguments, les agencer de manières logiques pour réussir à défendre son client. Et là, elle était en train de tout foirer pour une histoire de texte, elle n’imaginait pas le carnage face à un juré. Elle devait de reprendre mais elle n’y arrivait tout simplement pas.

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Calliopée regrettait presque d’être venue déranger Dylan si rapidement le matin pour lui dire que sa chanson ne pouvait pas passer avec elle. Elle s’emmêla les pinceaux dans ses explications et en voyant l’air abasourdis du garçon elle eut un pincement au cœur. Elle était vraiment une idiote, la pire des idiotes et quand il lui répondit tout en reprenant son souffle, elle s’en voulut encore plus. Elle ferma les yeux essayant de faire le tri dans ses idées pour voir comment expliquer à son ami le problème qui lui posait cette chanson. Elle hésitait à tout lui raconter, après tout c’était un garçon lui aussi et elle ne tenait pas spécialement à s’ouvrir sur ce passé douloureux. Enfin, ce n’était plus aussi douloureux qu’aux moments des faits mais elle avait toujours du mal à s’en remettre et rejetait tous les garçons pour s’en prémunir à nouveau. Mais il fallait qu’il comprenne quand même pourquoi elle ne pouvait pas chanter cette chanson. Calliopée se concentrait sur sa respiration pour la calmer tout en essayant de prendre une décision. Il ne s’écoula à peine quelques minutes, qu’elle rouvrit les yeux sa décision prise. « Je ne sais pas trop comment tout t’expliquer. C’est compliqué… Tu veux t’asseoir ? Parce que ça risque d’être long… » Calliopée se mordillait la lèvre inférieure face à Dylan en attendant qu’il prenne une décision.

Une fois la décision de Dylan prise, elle déplia de nouveau le papier des paroles de la chanson. Car oui, même si elle ne se sentait pas capable de chanter les paroles, elle prenait soin du travail de Dylan. Après tout, il mettait tout son cœur dans ce travail, elle ne pouvait donc qu’en prendre soin par respect pour lui et ce qu’il faisait. Elle relut les paroles une fois de plus avant de tourner la tête vers son camarade. « Les paroles sont géniales et c’est surement une des meilleures chansons que tu n’ai jamais écrite. Le problème c’est que ça parle d’amour et que je ne suis pas capable de chanter une chanson là-dessus. Disons, que l’amour ce n’est clairement pas mon truc alors chanter là-dessus, je ne peux pas… » Calliopée détourna la tête à la fin, elle était gênée de lui avoir avoué ça. C’était une chose qu’elle n’aimait pas vraiment avouer ses failles en matière d’amour à d’autres personnes que Savannah.

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Calliopée avait suivit Dylan quand il était allé se poser dans les gradins du premier rang. Elle préparait déjà ce qu’elle allait dire mais une fois assise, elle fut prise d’un doute. Elle lui faisait confiance mais elle se demandait surtout si elle était prête à se confier à propos de tout ça. Mais finalement, elle tenta d’aborder le problème sans rentrer dans les détails pour autant. Mais une fois qu’elle eut finit de se confier, elle détourna le regard, honteuse de se montrer ainsi avec ses failles en matière d’amour. Ce n’était pas tant qu’elle n’aimait pas se confier, c’était plutôt qu’elle préférait oublier ce passage de sa vie et ne plus le revivre en bannissant l’amour de sa vie. Elle était prête à devenir aigri mais elle ne voulait pas ressentir une fois de plus ce sentiment d’abandon après avoir aimé quelqu’un. Aussi, elle avait fait en sorte de se forger une carapace et de repousser tous les garçons dont elles pourraient tomber amoureuses même si son âme-sœur faisait partit de ces gens. Car oui, malgré cette carapace elle restait romantique au fond d’elle et elle attendait qu’un garçon arrive à la séduire et lui prouver qu’il était le bon.

Elle était tellement perdue dans ses pensées qu’elle ne remarqua pas que Dylan se déplaçait pour revenir dans son champ de vision. En faites, elle ne se rendit compte de ce déplacement que quand il reprit la parole et qu’elle releva les yeux pour le voir face à elle. Elle se retint de détourner à nouveau les yeux après tout il bougerait à nouveau et cela ne les mènerait à rien. Elle écouta donc le garçon qui n’y alla pas par quatre chemins bien au contraire il fut franc et direct. Calliopée n’était plus dans l’hésitation maintenant, elle comprenait Dylan et sa réaction l’avait convaincu de lui parler de tout ça. Il ne restait plus qu’à savoir par où commencer et elle choisit tout simplement le commencement il y a trois ans. « Je vais essayer de t’expliquer correctement. Il y a trois ans, je sortais avec un garçon en Angleterre. Et un jour, il est partit sans une seule explication, se faisant même passer pour un fantôme puisqu’il avait tout emporté de sa vie d’avant. Je me suis sentie abandonnée et je n’ai jamais put trouver l’explication à ce départ. Sans Savannah, tu sais ma jumelle, je serais surement encore en train de le chercher partout et de monter des scénarios catastrophique autour de ça. Alors, j’ai décidé de bannir l’amour sous quelques formes que se soit de ma vie, je ne veux plus ressentir ça. Ce vide, ce manque de l’autre, ce sentiment d’incompréhension, ce désespoir qui crée une plaie saignante qui ne cesse de s’ouvrir un peu plus dans le cœur. Surtout qu’en plus, il y a ce crétin de Léandre Deegan qui n’arrête pas de débarquer dans ma vie pour me séduire et que je pense de plus en plus à le castrer… » La jeune fille n’arrivait toujours pas à croire qu’elle s’était autant confiée à Dylan, un garçon. Bon, sur la fin, elle avait énormément exagéré puisqu’elle ne comptait pas castrer Léandre malgré le fait qu’elle y pense durant leur rencontre impromptu. En faites, il lui arrivait plus souvent de rêver de lui en amant romantique mais fougueux que de l’imaginer la supplier après qu’elle s’en soit pris à lui.

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Calliopée s’était laissé entrainer dans sa confidence sans prendre le temps de réfléchir à l’impact que cela aurait sur Dylan. Et une fois qu’elle eut finit son long monologue, elle fit plus attention à son camarade qui semblait sous le choc de ses aveux. En faites, elle voyait clairement qu’il en était tout retourné et qu’il ne savait pas vraiment quoi dire vis-à-vis de tout ça. Elle aurait aimé lui dire de ne rien ajouter, qu’elle ne savait pas pourquoi elle lui racontait tout ça. Mais cela aurait été un mensonge puisqu’elle savait très bien pourquoi elle lui en parlait et qu’elle n’avait pas spécialement envie qu’il se taise. Si leur collaboration continuait, ils se devaient ses explications pour éviter que la situation ne se reproduise à nouveau. Alors, elle attendait qu’il réagisse que se soit par des paroles ou par des actes quelconques. Calliopée n’était pas le genre de fille à bouillir d’impatience bien au contraire, elle savait se montrer particulièrement patience et tenace aussi. Mais en cet instant précis, elle voulait que cette entrevue se finisse car elle ne tenait plus en place après ce qu’elle avait avoué. C’était l’origine de sa carapace, l’origine de sa méfiance accrue envers les garçons qui cherchait à la séduire. Une chose qu’elle n’avait confié à personne sauf à sa jumelle mais c’était différent pour elle, elle avait était à ses côtés au moment des faits et elle était sa moitié alors forcément, elle s’était ouverte à elle.

Finalement, Dylan réagit après une attentes qui lui paru interminable. Elle l’écoute et ne releva pour l’insulte envers son ex, elle ne cherchait plus à comprendre ce garçon qu’elle avait aimait. Même si lorsqu’ils avaient été ensembles, il avait été tout sauf un connard justement. Mais si elle fut rassurée par la promesse de Dylan de ne plus écrire de chansons sur ce thème, elle fut déstabilisée par ses conseils à la suite. Elle n’avait jamais été adepte de la technique combattre le mal par le mal et en l’occurrence c’était combattre l’amour par l’amour. Sauf que Calliopée ne se sentait pas encore prête, en faites, elle était tellement effrayée par la possibilité de retomber amoureuse, qu’elle faisait tout pour repousser les tentatives d’approches de ce genre. Alors forcément, les garçons finissaient par laisser tomber au bout d’un moment ne voyant pas l’intérêt de continuer face à une fille qui se braquait. Il n’y en avait qu’un, un seul qui continuait à venir vers elle pour tenter de la comprendre mais aussi de la connaître. Mais c’était aussi celui dont elle se méfiait le plus ne serait-ce que pour sa réputation mais aussi parce qu’il était le plus susceptible de la faire tomber amoureuse de lui. Aussi, elle l’avait mentionné en disant qu’elle comptait le castrer ce qui était un des pires mensonges jamais prononcés pour elle. Mais quand elle entendit Dylan l’enfonçait, elle ressentit une bouffée de colère la prendre sans en comprendre l’origine. Elle tâcha immédiatement de calmer cette bouffée, Dylan ne méritait pas de la voir exploser de rage pour Léandre parce qu’ils n’avaient pas d’affinités ensembles. Elle se concentra donc sur sa respiration afin de faire repartir cette bouffée de là où elle venait. Après tout, elle avait un peu provoqué les reproches sur Léandre en l’évoquant. Une fois calmée, elle sourit à Dylan qui lui offrait pour la deuxième fois un de ses magnifiques sourires. C’était un de ses sourires qui communiquaient la bonne humeur rien qu’en les voyant et Dylan savait parfaitement les exécuter. « Je vais réfléchir à ta technique de combattre le feu par le feu. Mais le problème c’est que je ne suis pas sur de réussir à ne pas succomber aux avances de Léandre dans ce cas-là. Il est tellement têtu et déstabilisant que ça me rend fébrile en sa présence. En tout cas, merci. Merci de ne plus écrire de chansons sur ce thème. Et, peut-être qu’un jour, j’arriverais à en chanter et dans ce cas-là, je me tournerais vers toi, pour que tu m’en compose d’aussi belle. » Calliopée souriait toujours même si au fond elle n’avait pas vaincu toutes ses appréhensions, elle n’y pensait plus autant grâce à Dylan. C’était étrange de se dire qu’en se confiant à une personne qui n’avait rien connu de cette période, on se sentait plus prêts à retenter le coup.

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