« Tu me pourris la vie. » avait déclaré Richard Alpert, ivre, à sa femme alors qu'elle lui avait demandé d'arrêter de se mettre dans ces états là. Iliana, sept ans, regardait vivement son père. Pourquoi disait-il ça? Rigolait-il? Elle l'ignorait, mais elle trouvait bizarre son attitude depuis quelques temps. Il restait tout le temps dans son coin, ou alors s'énervait à chaque fois qu'ils était tous les trois - sa femme, sa fille et lui - à table, comme c'était le cas à ce moment-là. Un verre de vin rouge à la main, l'homme se leva de table et commença à quitter les deux femmes de sa vie pour aller rejoindre le canapé du salon. Mais s'il croyait qu'il allait pouvoir s'en tirer de la sorte, c'est qu'il connaissait très mal Katherine Alpert, sa femme. « T'as intérêt de revenir tout de suite à table. J'en ai plus que marre de tes caprices. » lâcha-t-elle au bord de la crise de nerfs, alors qu'elle serrait sa serviette de table de colère dans sa main. Richard fit volte-face, plantant son regard noir dans celui de sa femme. « Tu crois que j'en ai quelque chose à faire de tes ordres? » Ily, comme à chaque fois qu'elle assistait à une dispute entre ses parents, baissait les yeux, priant qu'ils allaient bientôt arrêter de se bouffer le nez. Mais rien à faire, la machine était lancée. « Reviens à table ou je te promets que je te quitte ! » lança Katherine sans appel, fatiguée et irritée à cause du comportement de son mari. Ce dernier haussa les épaules, le regard toujours aussi noir planté dans celui de sa femme. « Qu'est-ce que tu veux que ça me foute? » dit-il d'une façon désinvolte, avant de siffler son verre de vin d'une traite avant de tourner les talons et de se diriger vers le salon à nouveau. Cependant, une assiette s'écrasa à terre avant même qu'il n'ait pu atteindre la sortie de la cuisine. Katherine, excédée, avait balancé à terre la première chose qui lui était passé sous la main. Cette fois, elle en avait marre. Plus que marre. « Très bien, tu l'auras voulu ! J'en ai marre. » lâcha-t-elle, avant d'attraper le bras de sa fille qu'elle traina jusqu'à la porte d'entrée de la maison. A peine eurent-elle passé le pas de la porte qu'elles entendirent Richard crier. « Non ! » dit-il en s'égosillant. Il rejoignit les filles aussi vite qu'il le put, son verre vide toujours à la main. « Casse toi si tu veux, mais tu ne prends pas ma fille ! » déclara-t-il, affolé, avant d'attraper le bras de la jeune Iliana pour l'attirer vers lui. Ily était tout aussi affolée. Elle ne comprenait rien. Pourquoi chez elle l'ambiance était elle toujours aussi sombre? Pourquoi chez les autres ça semblait être toujours joyeux? Pourquoi sa mère l'emmenait? Pourquoi son père n'aimait pas sa mère? Trop de questions, si peu de réponses. « C'est aussi ma fille, et jamais je la laisserai à un ivrogne comme toi. Alors maintenant tu la lâches ! » dit Katherine avant de tirer sur le bras de son mari pour qu'il lâche Iliana. « Ne me touche pas ! » cria Richard, refermant son poing autour du bras de sa fille pour ne pas la lâcher. « Mais dégage ! » s'énerva Katherine avant de pousser son mari de toute ses forces pour qu'il ne s'empare pas de la prunelle de ses yeux. Les événements qui suivirent n'échappèrent pas aux petits yeux d'Iliana. Même encore maintenant, elle aurait été capable de décrire la scène sans oublier un seul détail. En effet, après s'être fait pousser, Richard frappa le visage de sa femme avec sa main qui ne tenait pas sa fille, écrasant le verre en plein sur sa joue droite. Et comme s'il en avait pas fait assez, il continua à la frapper avec son poing gauche, lâchant finalement la petite fille pour se concentrer sur ce qu'il était en train de faire. Iliana criait, pleurait, les mains sur son visage en pleurs. Elle ordonnait à son père d'arrêter, mais il n'en faisait rien. Ce n'est seulement que deux minutes plus tard qu'un voisin surgit de chez lui et sépara le couple.

« Oui? » Téléphone en main, Iliana répondait finalement à un numéro inconnu qui n'avait cessé de l'appeler durant tout son cours. « Iliana? C'est toi? » La jeune blonde connaissait cette voix, mais pas au point de remettre un visage dessus. « Oui c'est bien moi. C'est qui? » demanda-t-elle d'une petite voix alors qu'elle descendait lentement les escaliers du bâtiment où elle étudiait. « C'est Juliet Havensbee, la voisine de ta mère. » Un silence suivit, Ily attendant que cette voisine dont elle se rappelait finalement vaguement le visage lui explique pourquoi elle l'appelait. « Je.. je pense que tu devrais venir chez ta mère. » Iliana s'arrêta sur place. Le ton que Juliet avait employé ne lui plaisait guère. « Qu'est-ce qu'il se passe? Il est arrivé quelque chose à ma mère? » demanda-t-elle rapidement, soudain inquiète. La voisine de Katherine se racla la gorge, avant de soupirer. « Il faudrait que tu viennes rapid... » « Dites-moi ! » s'impatienta Iliana en coupant la femme. Elle n'avait pas le temps pour une gène quelconque. Elle voulait savoir maintenant. « Ta.. » Juliet commença, avant d'éclater en sanglots. « Ta mère est morte Iliana. Je suis sincèrement désolée. » réussit-elle à dire avant de pleurer. La jeune Alpert regardait le sol avec insistance, tentant de réaliser. Avait-elle bien entendu? Ou s'était-elle trompée? « Qu.. » Elle ne savait pas quoi dire. Elle n'y croyait pas. Elle avait vu sa mère la veille, et elle était en parfaite santé. De quoi aurait-elle bien pu mourir? « Et.. ton père l'est aussi. » Son père? Qu'est-ce qu'il venait foutre dans cette histoire? Il était resté à Phoenix, elle ne l'avait pas vu depuis deux ans environ et la dernière fois qu'elle l'avait eu au téléphone datait du jour de son anniversaire de cette année. « Mon père? » Juliet souffla. « Viens ici et quelqu'un te racontera Iliana. Viens vite. » « Non, attends ! Qu.. C'est quoi cette histoire? Ma mère? Mon père? Je comprends rien ! Dites moi ce que vous savez bordel. » Un nouveau silence s'installa, mais Juliet le brisa à contre cœur sous la demande de la jeune Alpert. « Ton père est arrivé tôt ce matin. J'ai entendu des cris. Ils.. se disputaient à propos de .. je ne sais pas quoi. J'ai laissé passer parce que tous les voisins ont des petits secrets mais... je ne m'attendais pas à ce que.. » Elle s'arrêta pour renifler et sangloter, puis reprit. « Je ne savais pas qu'il avait une arme à feu.. Je savais pas.. Il l'a tué Iliana, il l'a tué ! Et il s'est tué juste après. » Après ces mots, Iliana lâcha son portable et se laissa tomber à terre avant d'éclater en sanglots. Elle en avait rien à foutre qu'on se moque d'elle, ou même qu'on la fixe. Seule la peine la gênait. La peine, mais aussi une immense rage contre son père. Il lui avait enlevé la personne la plus importante à ses yeux. Il l'avait privé de SA personne. Il l'avait rendue seule.