Il faisait frais. Non, il faisait même froid. Mais Asclepios n'aimait pas rester enfermé. Qu'importe le temps. Il préfère grelotter que de s'enfermer. C'est un choix, une préférence. Lorsqu'il peut choisir, il aime faire ce qui lui plaît. Il aime s'allonger dans l'herbe. Encore plus quand le parc est désert. Alors il s'avança en plein milieu de l'herbe, et se laissa tomber dans la verdure. Le sol était humide. Il sentit la froideur de l'eau s'insinuer contre ses cuisses. Il trouvait presque cela agréable. On le prendrait sans doute pour un fou si on passait par là, mais personne ne viendra. Tout le monde allait se masser dans les endroits chauffés. Il n'aimait pas la chaleur. Elle lui rappelait trop la villa familiale, l'été, ces étrangers dans la piscine, la pute de son père sous un parasol. Il préférait le froid, le froid d'ici. Ce froid dur. Adieu langueur du pays.
Il attrapa le livre dans son sac. « Politique et médias » par un éminent chercheur en Communication. Forcément. Il avait commencé à le lire la veille. C'était plutôt bien écrit, et documenté. Il savait déjà pas mal de choses, mais ce n'était pas plus mal d'approfondir ses savoirs superficiels. Surtout parce qu'il aimerait devenir attaché de presse auprès d'hommes politiques de valeurs. Pour changer les choses. Quand il serait libre. Il s'invente un futur des plus beaux. Mais toujours, il y a cette voix dans sa tête qui lui hurle qu'il n'en sortira jamais. Il ferma le livre et se laissa tomber à la renverse. Le livre glissa sur son ventre pour terminer à coté de lui. Ses mains se nouèrent sur son torse. C'était drôle. Il devait ressembler comme deux gouttes d'eau à un gisant. Une statue mortuaire abandonnée dans ce parc. C'était amusant. Et comme cela devait être reposant d'être mort.
La seule chose qu'il espérait, c'est que personne ne le voit comme ça, sinon, il était clair qu'on le croirait réellement mort.