Moi, j'suis né à Plymouth, une ville sympathique  du Royaume-Uni. Malheureusement pour ma mère, qui voulait avoir qu'un seul enfant, j'suis venu en paquet de deux pour un, avec mon frère jumeau Eddie.  Mes parents sont restés un peu surpris, mais ils le vivent bien. Ils étaient tous deux avocats, et mon père jouait un peu de guitare pour passer le temps. C'est de la que mon côté artistique viens, parce que ma mère, à part faire de la paperasse, elle était bonne à rien. J'ai toujours été plus proche de mon père que de ma mère, le contraire d'Eddie, en fait. Je crois que c'est parce qu'Eddie est gay, j'en sais rien. En tout cas, mon père l'a jamais vu comme son fils. Mes parents sont catholiques, et l'homosexualité... c'était encore un peu tabou. Il en reste que le fait que mon frère suce, ça me dérange pas trop. C'est mon frère, quand même.
Nous sommes déménagés au New Jersey l'année après que mon père crève d'un cancer. J'ai commencé à faire de la photographie pour me changer les idées, j'me comportais comme un gamin et c'est ça qui m'aidait à gérer mes crises de colère. J'ai du intégrer l'université, le genre de gros bahut plein de mecs et de meufs populaires. J'ai pas voulu intégrer de confréries, je sentais que c'était pas pour moi, et mon jumeau en a fait de même. Nous sommes restés dans notre coin, on voulait déranger personne. Tout ce qu'on voulait, c'était retourner à la maison. C'était pénible, entre une mère dépressive, un jumeau chiant et des cours longs et horrible... j'savais plus où me mettre.
Le jour où je me suis dit que c'était la pire situation, il est arrivé quelque chose d'encore pire. J'aurais du fermer ma gueule. Ma mère s'est tirée une balle, oui, sans blague. J'suis rentré de cours avant Eddie, et je l'ai trouvée dans la salle de bain, écrasée sur le sol dans une marre de sang. Il y en avait partout sur les murs, sur le miroir, sur les rideaux du bain. Eddie s'est senti terriblement coupable, et moi, je me suis enfermé dans mon propre monde. Depuis, j'parle plus de ma famille à personne, j'parle plus de rien à personne. La seule chose que je dis, c'est que je suis chez ma tante avec mon jumeau, et que je suis là pour rester.
Une chance que la photographie est là, sinon je crois que j'aurais rejoins mon père et ma mère depuis un bout.