Il vit le jour en Russie, dans un grand hôpital à l'étage réservé alors pour la petite famille. Et bien oui : c'est ça d'avoir du sang royal dans les veines. Une maman anglaise, raffinée, perspicace, promise à un brillant avenir, mais suffisamment amoureuse de son homme pour se résoudre à vivre dans son ombre. L'homme en question, devenu père d'un beau petit garçon cette matinée de novembre, avait eut une enfance des plus luxueuses, tout naturellement et avait reçu une éducation stricte, en adéquation avec les responsabilités qu'il était destiné à endosser plus tard.
Fruit de l'amour de ces deux personnes s'étant trouvées dans l'immensité de ce monde, Dimitri a toujours sut faire craqué son monde. Il a écopé des traits très fins de sa maman et sa bouille d'ange l'a déjà sorti de situations peu réjouissantes : une chevelure noir corbeau, mais surtout de grands yeux bleus et un véritable don pour dresser un voile absolument crève-coeur dessus.

CINQ ANS « Viens-là, mon cœur. » Dimitri fit un pas vers sa mère, non sans témoigner un certain recul. Il avait beau n'avoir que cinq ans, il était capable de sentir à quel point elle était irritable ces temps-ci. Son ventre était beaucoup plus gros maintenant et il suscitait toujours autant la curiosité du petit brun, en dépit de son actuelle appréhension. Elle s'était énervée contre lui le matin même. Ces temps-ci, elle criait un peu plus. De l'avis du père, c'était une affaire 'd'hormones', mais Dimitri n'avait pas l'âge de comprendre tout ça. Ca viendrait plus tard. Sa mère était installée sur le canapés du salon, l'air fatiguée. Il n'aimait pas beaucoup la voir comme ça. Il lui trouvait l'air malheureuse. Voilà son interprétation à l'époque. Comment aurait-il put en être différemment ? Ses parents lui avaient expliqués qu'il allait avoir des petites soeurs, mais pour l'heure et bien elles n'étaient pas là. Bien qu'étant un enfant intelligent, Dimitri ignorait de nombreuses choses et finit par craquer en traversant le salon pour rejoindre sa mère. Il se sentait fatigué, comme si sa tête pesait une tonne brusquement. Il se hissa sur le canapés avec une certaine maladresse, mais se fit violence pour accélérer ses gestes lorsque sa mère fit un mouvement pour l'aider. Il n'était plus un bébé. Il n'avait plus besoin d'elle. Enfin, peut-être que si. « Comment c'était l'école, aujourd'hui ? » Le petit brun haussa les épaules, boudeur. Du Dimitri tout craché. Cinq ans et déjà aussi têtu qu'un âne. Il aimait bien l'école. Enfin, il avait rien contre : ses professeurs l'adoraient, il faut dire qu'il gardait son regard couleur glacier bien rivé sur eux, ne se laissant guère divertir par ses petits camarades. Alors oui, il avait passé une bonne journée, mais il n'était pas d'humeur à en parler avec sa maman et il ne faisait pas dans le léger pour le lui faire comprendre, allant même jusqu'à éviter de la regarder. Soudain, un rire franc s'éleva de ses lèvres. Damn, elle était en train de lui faire des chatouilles. « Maman ! » Jappa-t'il, grognon, bien que la contenance de sa mise boudeuse fonde comme neige au soleil entre deux éclats de rire. Bordel, il détestait les chatouilles et elle le savait bien. Elle ne cessa pas, sourde à ses protestations et finit par battre en retrait après lui avoir déposé un baiser bruyant sur la tête.

Quelques mois après, elle donna naissance à trois jolies petites filles. Si la première fois qu'il les vit, une petite grimace adorable se dessina sur le visage du petit brun, (elles ressemblaient à des petits cochons tout fripés, toutes les trois) ce dernier ne tarda pas à les trouver bien plus adorables. Ses soeurs, Dimitri les aime de tout son coeur. Vraiment, il serait capable de tuer pour elles. Soit, il ne colle pas au portrait qu'on peut se dresser du grand frère parfait, car Dimitri n'a rien de parfait. Protecteur au delà des limites tout en n'appréciant absolument pas d'être lui-même couvé et considéré comme un enfant. Intelligent, fier, un peu trop même parfois, incapable de pleurer en publique sans se sentir comme un enfant incapable... Et tant d'autres broutilles. Au moins, quand Dimitri aime, il aime pour dix. Affectueux, câlin, bien que particulièrement amer et froid quand il a besoin de se retrouver un peu seul, il est difficile à comprendre. Il compte autant de qualités que de défauts, la clé étant de réussir à l'apprécier tout court.

Jaloux de ses soeurs avant leur venue au monde, ce sentiment s'évapora avec les années, au fur et à mesure que Dimitri découvrait les joies d'être l'aîné de la fratrie. Les joies de ne plus être le petit bébé, d'être le grand. Naturellement, c'était loin d'avoir que des avantages et de façon générale, il a toujours été assez couvé, en dépit de son statut d'aîné. Protégé par ses parents, petite célébrité dans son pays natale, Dimitri a été plutôt facile à vivre bien qu'ayant eut sa crise d'adolescence. Elevé entre l'Angleterre, terre natale de sa maman et sa Russie natale, il y a eut cette courte période ou plus il était loin de ses parents, mieux il se sentait. Il les trouvait trop lourd, tout en estimant n'avoir rien fait qui puisse nécessiter tant de vigilances. Ses notes étaient les meilleures de sa classe depuis la maternelle, il avait gardé ses soeurs dès qu'on le lui avait demander, sans sourciller. Bref, il avait été un bon gamin. Soit, il y avait bien eut ce jour ou sa mère lui avait fait toute une scène en retrouvant une infime quantité de drogue dans son pantalon, mais bon, il avait été puni comme un écolier de dix ans et c'était passé. Ses parents ont toujours exercés une petite pression sur ses épaules et il a toujours très bien vécu avec. Du genre à mordre dans la vie à pleines dents, il s'est toujours efforcé de gérer la sienne au mieux, en n'écoutant que son instinct. Il a intégré le campus de Princeton facilement, du fait de son parcours scolaire absolument irréprochable, après avoir fêté ses dix-neuf ans.

C'est là-bas qu'il rencontra la charmante Spencer. Belle, intéressante. Un petit coup de coeur. Amical, ou non, enfin, il s'en moquait. Ses relations avec les femmes, il faut dire que c'était quelque chose, sans doute l'unique domaine ou il ignorait ou il allait, de façon précise. Il aime les femmes, elles sont très différentes des hommes, ce qui ne les rend plus intéressante. Pourtant il n'a jamais eu que quatre femmes dans sa vie et elles ont toutes des liens de sang avec lui. Sa mère pour commencer, car on ne dira jamais assez que le premier amour d'un garçon, ça reste sa maman (et elles adorent l'entendre) et puis ses soeurs, ce trio de petites femmes qui lui donnent du fil à retordre. Vanyna pour commencer, peut-être la plus facile à vivre des trois. Elle sait pertinemment qu'elle peut lui partout, enfin de presque tout (même lui n'est pas assez ouvert pour certains sujets) et il aime cette complicité entre eux. C'est ce qu'un frère et une soeur sont sensés avoir. Ce qu'il a perdu en cours de route avec Tahlee. Pourtant, il l'aime tout autant que les autres, mais franchement, elle est chiante. Elle lui pompe l'air. Elle a ce sale caractère, cette tendance à enchaîner les mauvais choix et lui, et bien, il ne peut pas se résoudre à ne pas mettre son grain de sel. Il veut l'aider, elle est pas prête pour ça. Bref. Enfin, Olya. La petite dernière. Et c'est plus fort que lui : il la considère vraiment comme telle même si c'est seulement de quelques minutes. C'est la benjamin, celle qui protège le plus. Légèrement étouffant sur les bords, s'il le comprend, il n'en digère pas moins sa petite rébellion actuelle. Faudrait qu'elle comprenne que son regard sur elle ne changera pas. C'est foutu, car le sale caractère des triplettes, on le retrouve chez l'aîné, parfois particulièrement marqué d'ailleurs.

Revenons en à Spencer. Elle s'est creusée une place dans son coeur et il l'adore, purement et simplement. Il essaie d'être là pour elle au maximum tout simplement car elle compte, énormément, peut-être plus encore qu'il ne veut bien se l'admettre. Ils sont proches, tant et si bien qu'il accepté d'être le parrain de sa petite fille. Il s'est amouraché de la jeune femme et de la gamine. C'est sa famille de coeur, en quelque sorte.