- Alors vas-y je t'écoute. Commença un vieil homme assis sur un fauteuil derrière son bureau.
- Hm, je sais pas trop. Normalement c'est vous qui posez les questions il me semble non ? Lui répondit un jeune homme de la vingtaine sans doutes avec un certain sourire se dessinant sur ses lèvres.

Le vieil homme s'avança sur sa table en posant ses coudes sur celle-ci tandis qu'il ria calmement.

- C'est vrai. En temps normal je commence par poser des questions, mais cette fois on va faire quelque chose de différent tu ne veux pas ? Parle moi de toi, de tout. Commence par ce qu'il te plaira.

Commencer par ce qui lui plairait ? Le garçon, assis sur un autre fauteuil commença à réfléchir. Qu'est ce qui pouvait bien lui plaire... Se lever et sortir immédiatement de cette pièce. Il chassa rapidement l'idée de sa pensée, ses parents le tueraient de toute façon. Ses parents ! Voilà par où il pourrait débuter. Il pourrait parler d'eux, les présenter, dire à quel point ils sont envahissants parfois et raconter comment ils avaient réussis à l’emmener ici. Il prit une grande inspiration et dit :

- Je voudrais commencer par le fait que je ne suis pas de tout satisfait d'être ici. Vous devez l'avoir déjà remarqué ? Mes parents m'y ont trainé de force sinon ils ne me donneraient plus un sous.  
- Tu vis encore chez tes parents ?
- Je n'aime pas trop la façon dont vous me tutoyez alors qu'il s'agit de ma première visite et certainement la dernière. Dit sèchement le jeune homme.
- Tu ne te laisse pas faire du tout à ce que je vois. Pourtant tu es dans mon bureau contre ton gré ?
- En fait, je suis né dans une famille où l'autorité parentale devait absolument  être respectée. C'était à Paris, en 1992 une journée avant la St Valentin. Je pourrais vous raconter ce qu'on m'a conté des milliards de fois, la rencontre de mes parents jusqu'au jour de ma naissance, mais je pense qu'au fond vous vous en foutez éperdument. Alors, il fit une pause, je vais aller  l'essentiel. J'ai une petite sœur, elle a longtemps vécu en internat alors on ne s'est pas beaucoup vu pendant notre enfance.
- Comment s'appelait-elle ?
- Ça n'a pas vraiment d'importance. Deux parents, deux enfants, un garçon et une petite fille. Tout l'idéal d'une famille standard, jusque là rien d'anormal. En fait, il n'y a jamais rien eu d'anormal... Encore faudrait-il savoir où fixer la normalité chuchota t-il pour lui même. Mes deux parents sont médecins, des chirurgiens plus précisément. On a déménagé aux États Unis quand j'entrais dans mes huit ans. J'ai rapidement appris la langue sans grandes difficultés.
- Comment ça se passait à l'école ?
- Bien.
- Mais encore ?
- Vous savez, je fais moi aussi de la psychologie et vous ne réussirez pas à me faire dire ce que je n'ai pas envie de raconter.
- Et bien Julian, comme ça tu étudies la psychologie ?
- Oui. Je trouve ça très instructif. Cet intérêt m'est venue d'une de mes petites copines. Ah... souffla t-il, les filles et moi : une grande histoire. Il sourit. J'étais assez jeune, disons que j'étais en âge d'être au collège. Je trouvais plutôt drôle la possibilité de faire tourner en rond une personne, lui dire cela pour qu'elle pense ceci, ou inversement et les réactions que j'observais étaient intéressantes.
- Tu as de bons résultats en cours ?
- Très bons résultats. Alors que le psychologue s’apprêtait à poser une autre question, Julian lui coupa la parole. J'ai un rendez-vous assez important dans quelques minutes.
- Nous allons nous revoir ?
- Peut-être bien. Mais n'y pensez pas trop non plus.

Sur ces mots, après une consultation d'à peine dix minutes, le jeune homme se leva remettant ses cheveux correctement et en prenant sa veste avant de quitter la salle.