Ce jour-là fut un jeudi plutôt difficile contrairement aux précédents pour une grande rousse qui était visiblement en train de faire le chemin jusqu'à son appartement, très lentement. La veille même, Holly s'était accordée une sortie en soirée comme quasiment chaque mercredi. Seulement, cette soirée-là avait été bien arrosée et la jeune femme avait tout bonnement préféré rester sur place que d'emprunter les rues mal famées en pleine nuit. Et lorsqu'elle s'était réveillée, allongée entre le pied d'une table basse et quelques bouteilles, vide bien sûr, son premier réflexe avait été de regarder l'heure. Ensuite, seulement et seulement après avoir vu l'heure qu'indiquaient les deux aiguilles de sa montre, elle se leva assez rapidement. Onze heures. Heureusement, les cours de son planning ne débutaient que l'après-midi ce qui laissait une marge de quelques heures à la jeune femme pour rentrer.  Seulement, c'était sans compter sur un mal de crâne abominable qui indiquait qu'elle commençait tout juste à décuver. Génial avait été le premier mot dans ses pensée alors qu'elle se massait la tête pour atténuer la douleur tant bien que mal. Dix minutes plus tard, l'air frais de l'extérieur avait quelque peu rassembler ses idées et elle semblait aller mieux. Une chose était sûre cependant, elle devait avoir une mine horrible. Pas étonnant avec les quelques bouteilles qu'elle s'était vidée à elle toute seule. aussi loin que son souvenir pouvait remonter, il ne lui semblait pas avoir bu autant à une soirée. Allons bon, pour une fois, elle n'allait pas se blâmer. C'était déjà largement mieux d'avoir bu plutôt que de s'être drogué ce soir-là. Enfin, si on pouvait qualifier cela de mieux. En résultat, l'un ne valait pas mieux que l'autre. En parlant de drogue, elle venait tout juste de récupéré la petite marchandise qu'un ami, si on pouvait appeler ça un ami, lui avait mis de côté. Maintenant, plus rien n'occupait réellement l'esprit de la rousse si ce n'était le chemin de l'appartement. Elle s'imaginait déjà en train d'affaler sur le canapé suivit d'un bon café devant des séries plus pourries les unes que les autres. De plus, ce n'était pas son jour de corvée mais celui de son colocataire, Julian. ET, elle espérait grandement qu'il s'y était attelé. Il fallait dire qu'au début, rien n'avait été facile. Le jeune homme avait des mœurs différentes de la jeune femme et il avait fallu cohabiter. Au moment où on lui avait fait signé les papiers, et qu'on l'avait informé qu'un garçon serait son colocataire, elle n'avait fait aucune objection. Elle était bien trop désespérer financièrement pour faire la difficile. Et depuis, après quelques accrochage les deux jeunes vivaient en harmonie.. ou presque. Une vingtaine de minutes plus tard, après avoir monté les escalier qui menait au quatrième étage suite à une panne de l'ascenseur, Holly arriva devant la porte de son logis. En deux temps trois mouvements, les clés furent glissées et tournées dans la serrure ouvrant la porte par la même occasion. Holly rentra ensuite très rapidement dans l'appartement, déposant ses affaires à l'entrée avant de filer directement à la cuisine, se servir de l'eau. De l'eau bien fraîche accompagnée d'une bonne dose d'antidouleurs. Puis, elle s'arrêta en voyant la vaisselle dans l'évier. Pendant un court instant elle fixa chacune des assiettes sans un mot avant d'entendre vaguement le bruit de la télévision. La jeune femme était prête à parier que Julian avait encore son joli fessier posé sur le canapé, à rien foutre. En même temps, espérer à ce que le jeune homme fassent ses corvées en revenait à espérer que les licornes vertes existaient vraiment. Désabusée, Holly se dirigea vers le salon sans une parole et regarda Julian d'un air mécontent. Et, le résultat de son visage ne devait pas être très appréciable à voir, en plus d'être en plein décuvage, de l'agacement furibond était très visible sur ce dernier.

« - Julian, c'est ton jour de corvée, non ? Dans ce cas, tu peux m'expliquer ce que tu fous, là affalé comme un porc sur le canapé à midi passé alors que t'as rien foutu ?! »

Et voilà, la colère venait de monter d'un cran. Il fallait dire qu'Holly était une maniaque invétérée et le moindre dérangement ou objet traînant devenait une catastrophe pour elle.

bohemian psychedelic

Beaucoup, beaucoup trop de choses trainaient dans l'appartement. Dans la cuisine, l'évier était emplit à ras-le-bord par la vaisselle datant de plus de trois jours. La petite table à manger n'était même pas débarrassée, des boîtes de pizzas trainaient sur celle-ci, et bien évidemment dans ces boîtes il y avait des .. des restes. Et encore, ce n'était pas le pire. Le salon lui, abordait l'apparence d'un champ de bataille dévasté. On aurait dit Pearl Arbor après le bombardement. Quelques affaires traînaient sur le sol, des miettes et un monticule d'autres choses qu'Holly ne préféra pas nommer dans ses pensées. Bien évidemment, ça, c'était le point de vue de la jeune rousse. Plusieurs fois, on lui avait fait remarquer sa maniaquerie maladive mais comme elle prenait plaisir à leur dire, il valait mieux être une maniaque maladive plutôt qu'un tueur maladif. Elle secoua légèrement la tête préférant ignorer les magnifiques choses qui risquaient de lui faire faire une syncope, pour se concentrer sur les propos de Julian. Qu'est-ce qu'il allait lui sortir comme excuse cette fois-là ?  La jeune femme passa une main sur son front tout en plissant celui-ci. Et ce mal de crâne qui s'accentuait. Elle n'avait qu'une envie, partir se recoucher. Sauf que, ça n'allait pas être possible avec Julian qui n'avait rien fichu de la matinée. Holly jeta un bref coup d'œil au programme que diffusait leur petite télé avant de lever les yeux aux ciel en écoutant Julian. En plus de cela, il regardait une série complétement débile. Mais, au moins, songea Holly, ça c'était à son niveau intellectuellement, contrairement aux corvées. Déjà en colère au premier cran, le regard que lui lança son colocataire avec des yeux écarquiller comme si elle sortait de Mars, la fit serrer les dents. Quant à l'interrogation tellement bien formulé de ce dernier sur ses agissements de la veille, elle ne fit qu'irriter davantage la rousse. C'était facile à deviner ce qu'elle avait bien pu faire tellement cela se lisait sur sa figure, alors pourquoi posait-il la question ? Pas étonnant qu'elle craque, et que parfois elle avait besoin d'un petit remontant illégal.

« - C'est pas assez facile à deviner avec la tête que j'ai ? Tiens, ma vie t'intéresse Julian ? Tu devrais mieux t'intéresser des corvées plutôt que ce que j'ai bien pu faire depuis hier soir. Cela dit, pour répondre à ta question, non je n'ai pas dormi ici. »

En somme, elle était visiblement de mauvais poil et un grain facilement irritable. Et ça, c'était à chaque fois qu'il lui arrivait de décuver. Holly continuait de le fixer, toujours avec cet air de reproche. Elle ne comptait pas si facilement abandonner le sujet des tâches ménagères même si Julian semblait vouloir l'esquiver en lui demandant de quoi fumer. Seulement, en temps normal, elle aurait harceler le jeune homme pour qu'il s'y mette mais ce jour-là elle n'était pas dans un état dit, normal. Assommée par la soirée de la veille, Holly râla avant de sortir un paquet de sa poche. Paquet neuf, qu'elle avait aussi récupéré en même temps que sa marchandise. Exténuée, la rousse prit alors une cigarette qu'elle glissa entre ses lèvres avant de tendre le paquet à Julian sans un mot, se contentant de le regarder d'un air désespéré. Elle n'était pas à une clope près, et puis, il l'avait déjà dépanner quelques fois. Elle devait bien le reconnaître. Puis, enjambant ce qui trainait au sol, la jeune femme se fraya un chemin jusqu'à la baie vitrée qui donnait sur leur petit balcon.

« - Dehors Julian. On fume dehors, pas dedans. »

Et ça aussi elle le lui répétait quinze millions de fois par jour. Dehors, sur le balconnet, Holly s'accouda au garde-fou avant d'allumer habilement d'un petit briquet vert sa cigarette.