S'il y a un truc qui puisse être de nature à faire du bien à l'esprit c'est bien de s'offrir un moment de répit, aussi bref soit-il, afin de se reposer et je dois avouer qu'à force d'étudier les différents mécanismes d'intervention de l'État afin de régir l'économie j'en venais – par moment – à éprouver de sérieux maux de têtes. L'offre et la demande, le PNB, le PIB, pourtant je maitrisais tout ces concepts mais à force de bosser j'en étais venu à tout confondre et au final je n'avais qu'une certitude soit celle que je ne comprenais plus rien. Décidant donc que j'en avais assez fait pour aujourd'hui je décidai donc de ranger mes bouquin et je me dirigeai vers la salle de bain histoire de prendre une douche afin de mettre tout propre.

Sortant de la douche je me rendis directement à ma chambre enfilant un boxeur, une paire de bas, un jeans, un t-shirt à l'effigie de Captain America pour ensuite passer ma veste et me diriger tout droit vers le centre-ville de Princeton. Arrivé sur place, me demandant bien ce que je pouvais faire je me laissai tenter par une activité peu exigeante sur le plan de l'intellect et j'optai pour aller jouer quelques parties de billards. Au final, bien que peu doué pour ce genre d'activité, je m'étais marré en observant les joueurs sur les autres tables alors que certains s'offusquaient de se faire ruiner après avoir parié sur les partie … d'une certaine façon je ne pouvais que me dire que c'était tant pis pour leurs gueules, bien que je sois conscient qu'il n'est pas bien de se réjouir du malheur d'autrui.

Il devait bien être près de 15 heures lorsque je finis par quitter le salon de billard et je commençais à ressentir les effets de la faim, il était impératif que je bouffe un truc avant de m'effondrer. Heureusement pour moi il y avait un fast food à moins de deux minutes de l'endroit ou je me trouvais. Arrivé sur place je fis la queue , comme tout le monde, et lorsque mon tour arriva je plaçai ma commande qui consistait en un cheeseburger double avec bacon, une portion de frites et un grand coca … bref l'alimentation saine et équilibrée du parfait geek que je suis. Muni de mon plateau je m'installai à une table libre et j'éteignis mon portable avant de commencer à attaquer mon casse croute.

L'heure n'était pas la priorité d'Holly. En effet, cela lui importait totalement puisque l'après-midi qu'elle possédait était quasiment libre. Et, il était évident que la jeune femme allait mettre cette demi-journée à profit. Après une matinée bien chargée entre la littérature de Shakespeare et l'Histoire vu par un historien dont elle ne souvenait plus le nom, Holly s'était tout d'abord rendue à la bibliothèque. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser au premier regard, la rousse n'était pas une rebelle dans le seul but de se donner un style. Elle possédait certes, l'attitude et le caractère de ce type de personne mais cela n'empêchait pas son amour inconditionnel pour les bonnes histoires. Justement, en parlant de bonnes histoires, Holly avait eu la joie de dénicher un pure chef-d'oeuvre policier. L'auteur se prénommait Chris Mooney et son oeuvre s'intitulait Disparues. La jeune femme l'avait entièrement lu avec un vif intérêt constant. Ce sentiment l'avait accompagné dès la première page jusqu'à la dernière. Le centre de l'affaire était basée sur la disparition de plusieurs femmes dans un petit comté. Le personnage principal, une femme nommée Darby avait durant son adolescence assisté à un crime horrible et échappé de peu au meurtrier. Ses amies n'avaient pas eu cette chance. Devenue agent pour la police scientifique, cette Derby s’investissait à fond dans son job, préférant parfois les dangers du terrain au confort du labo. Un jour, alors qu'elle étudie la scène de crime d'un des enlèvements mystérieux, elle découvre une femme désorientée, émaciée et terrorisée. Et apprend que cette dernière qui se révèle avoir disparue depuis cinq ans, aurait été enfermée dans un cachot obscure et sordide avec d'autres victimes. Ce passage avait d'ailleurs fortement saisi Holly.

Une fois le livre emprunté, rendu à la bibliothécaire, Holly fureta de nouveau entre les étalages à la recherche d'une nouvelle perle rare. Cette fois-ci, la jeune rousse voulait changer de genre, souhaitant s'aventurer dans le fantastique. Seulement la tâche ne fut pas aussi facile qu'elle en avait l'air. Effectivement, en dépit du nombre élevé de rayons s'apparentant au genre souhaité, rien n'avait vraisemblablement attiré Holly. Ce fut, légèrement contrariée, quelques heures plus tard deux tout au plus, que la jeune femme s'échappa du lieu remplit d'écrits. Dehors, le temps s'était quelque peu rafraîchi mais l'atmosphère restait tout de même agréable. Holly ne savait réellement que faire si bien qu'elle opta pour une ballade en plein centre de Princeton. De ce fait, elle n'aurait que quelques minutes à pieds pour rentrer à l'appartement si l'envie lui prenait. La rousse traîna ainsi pendant une heure entière, suivant la ligne droite de la grande avenue de Princeton, avant qu'elle ne regarde l'heure suite aux appels à la famine de son estomac. Le premier et prochain fast-food qui apparaîtrait sur sa route, serait son lieu de pause. Et il ne tarda pas à arriver devant ces yeux. Il fallait dire qu'à Princeton, ce genre de lieu de repas n'était pas en manque. Il y en avait un presque tous les mètres. Holly se dirigea aussitôt vers celui-ci, se faufilant dans une queue plus ou moins longue. Elle avait alors tout le temps de choisir son menu. D'ailleurs, en regardant les affiches, elle avait bien envie d'un wrap accompagné d'un milshake. Envie à laquelle elle céda automatiquement quand elle prit sa commande. Cinq bonnes minutes plus tard, elle se retrouvait à chercher une table libre. Le regard balayant l'endroit, de chaque côté, s'arrêta sur une tête bien connue. Pas certaine que ce soit bien la personne à laquelle elle songeait, Holly s'avança pour mieux la distinguer. Et qu'elle fut sa joie quand elle aperçut précisément le visage de Colin. Sans perdre de temps, la jeune femme s'avança jusqu'à la table avant d'y poser son plateau et de s'y installer tout en lançant quelques mots de quoi taquiner le jeune homme.  

« - Qu'est-ce que je t'ai déjà dit Porter ? Tu vas finir par choper un diabète avec toute cette bouffe américaine. »

Désormais face au jeune homme, Holly un sourire taquin suspendu aux lèvres, le regardait s'empiffrer du menu purement américain.

Ah ça c'était ma définition du bonheur, me retrouver seul au restaurant ne pensant plus à rien alors que je pouvais finalement planter mes dents dans un cheeseburger, dégoulinant de gras tans, sans avoir à me laisser tourmenter par mes soucis. Exit les gros bras qui prenaient plaisir à me tourmenter et à m'intimider, aux chiottes les bombasses qui s'amusaient à me ridiculiser tout simplement parce que je ne ressemblais pas à leur idéal masculin … non ce genre de détails, plus qu'insignifiant, n'avait plus la moindre emprise sur moi … tout ce qui comptait se résumait à ce tête à tête entre moi et mon repas. Une bouchée de mon burger, 4 frites, une gorgée de coca et puis – soudain – une voix retenti m'interpellant directement.

Cette voix des plus familière, ainsi que son ton pour le moins sarcastique et quelque peu cynique, je pouvais la reconnaître à tout coup … il faut dire que son fort accent Australien ne pouvait que la trahir. Levant les yeux tout en prenant une autre bouchée, histoire de la narguer juste comme il le faut, je ne pus que sourire lorsqu'elle tenta de me faire réaliser les risques de voir mon taux de glycémie exploser avec ce genre d'alimentation.

En fait je risque d'avantage l'hypercholestérolémie, le double pontage, l'hypertension artérielle ainsi qu'un éventuel cancer de la prostate, du pancréas ou des intestins mais je ne crains pas le diabète le risque étant plutôt faible en ce sens.

Je n'eus pas même le temps de lui proposer de s'installer que déjà elle avait poser son petit derrière d'Australienne sur un siège afin de me faire face. Lui souriant je continuai de me délecter de mon repas , parfait témoin de la haute gastronomie américaine, et puis prenant une gorgée de coca je finis par la regarder à nouveau.

C'est un heureux hasard de te voir, je ne m'attendais pas à te croiser ici mais j'en suis ravi.